La TACAE à la Marche Mondiale des Femmes du 17 octobre 2021

La TACAE était présente à la MMF édition 2020-2021 afin de présenté le volet femme et pauvreté lors des activités. Voici donc le discours prononcé en entier et sa version traduite.

 

Bonjour, mon nom est Rosalie et je travaille à la Table d’Action Contre l’Appauvrissement en Estrie, ou la TACAE de son p’tit nom.

Je suis aujourd’hui porte-parole de la revendication sur la pauvreté, mais je tiens tout d’abord à souligner le travail exceptionnel de Manon Brunelle, d’Illusion Emploi, qui a porté cette revendication en Estrie dans les dernières années. Une partie de mon discours d’aujourd’hui est d’ailleurs inspirée du sien. Merci Manon.

Notre revendication est la suivante : reconnaître pleinement la valeur du travail des femmes en assurant un revenu qui couvre tous les besoins essentiels, notamment en adoptant un salaire minimum qui permettre une réelle sortie de pauvreté.

He oui, on en est encore là. Encore aujourd’hui, la pauvreté plombe nos communautés, et pire encore, les inégalités grimpent en flèche.

Nos élu.e.s nous offrent des discours vide, en tentant de nous faire croire qu’ils et elles font leur possible, qu’elles sont aussi contre ça, ‘’la pauvreté’’, que c’est trop compliqué, qu’on en demande trop. Mais vous savez quoi? Éradiquer la pauvreté, c’est possible. Et non seulement c’est possible, mais en fait, ça nous couterait moins cher, collectivement, d’éradiquer la pauvreté que de simplement apprendre à vivre avec. Lutter contre la pauvreté, c’est une question de volonté politique et il est plus que temps de la leur imposer, cette volonté.

Pour les femmes, entre autres. Encore plus pour les femmes autochtones, racisées, immigrantes, handicapées, faisant partie des minorités sexuelles et de genre ou pour les femmes aînées.

Ici, en Estrie, saviez vous que notre revenu médian a nous, les femmes, est de près de 10 000 $ de moins que celui des hommes? He oui : 35 200 pour les hommes et 26 700 pour les femmes.

Les femmes portent encore la plus grande part du travail non rémunéré : militance, bénévolat, soins aux proches et aux enfants, tâches domestiques et la fameuse charge mentale. En pourtant, elles sont encore plus nombreuses à vivre dans la pauvreté.

Pour chaque dollar gagné par un homme au Québec, une femme en gagne à peine 80 sous. Pour les femmes racisées, ce chiffre chute à moins de 60 sous.

La majorité des personnes qui travaillent pour un salaire en dessous de 15$ de l’heure sont des femmes, et ces écarts en termes de revenus nous suivent toute notre vie. Nous sommes moins nombreuses à avoir accès à la protection de l’assurance emploi, parce qu’on travaille plus souvent à temps partiel, ou à contrat. On a tendance à manquer plus souvent le travail pour des obligations familiales. Et ce manque à gagner, il nous suit à l’âge de la retraite : on ne gagne, en moyenne, que 60% du revenu des hommes.

Les femmes sont systématiquement les grandes perdantes de notre système économique, qui refuse de prendre en compte notre apport vital à nos sociétés. Les emplois typiquement occupés par les femmes sont peu considérés, et notre travail est invisibilisé.

Ce système porte un nom : celui de patriarcat. Il nous fait violence et nous devons y mettre fin. D’autres discriminations systémiques doivent aussi être déconstruites : le racisme, le colonialisme, l’hétéronormativité et bien d’autres.

Nous avons le devoir de porter nos revendications communes, sans oublier celles de femmes qui vivent une multitude d’oppressions, même si nous ne les vivons pas nous-mêmes, parce que comme Audre Lord l’a dit : ‘’Je ne suis pas libre tant que n’importe quelle autre femme est privée de sa liberté, même si ses chaînes sont très différentes des miennes.’’

Aujourd’hui, nous tenons à souligner les réalités spécifiques des femmes autochtones : Si 17% d’entre nous, femmes non autochtones, vivons en situation de pauvreté, les femmes autochtones sont presque 40% à s’y retrouver. Deux femmes autochtones sur trois qui vivent sur une réserve ont un revenu annuel de moins de 10 000 $. Vous avez bien entendu. 10 000 $. Deux femmes sur trois.

On a du pain sur la planche, mais des mouvements comme celui de la marche mondiale des femmes, et le fait de vous voir réuni.e.s aujourd’hui, en toute solidarité, peut nous donner espoir : ensemble, nous vaincrons un a un les obstacles mis sur notre chemin.

Résistons pour vivre

Marchons pour transformer

 

Hi, my name is Rosalie and I work at the Table d’Action Contre l’Appauvrissement en Estrie, better known as TACAE. Today, I am the spokesperson for our poverty demands, but I first want to recognize the exceptional work of Manon Brunelle, from Illusion Emploi, who has carried these demands for the last few years. My text today is, in some respects, inspired by hers. Thank you Manon.

Our demand is the following: to recognize fully the value of women’s work by assuring to all an income that covers all essential needs, notably by adopting a minimum wage that allows people to definitively get out of poverty.

Yes, we are still there. Still today, poverty is hindering our communities and, even worst, inequalities are increasing rapidly.

Our elected representatives offer us empty speeches, trying to get us to believe that they are doing everything they can, that they, too, are against that, ‘’poverty’’, that it is too complicated, that we are asking for too much. But you know what? Eradicating poverty is possible. Not only is it possible, but it would actually be cheaper, collectively, to eradicate it then to pay for the consequences of living with it. Fighting against poverty is a matter of political choices and it is more then time for us to impose it upon them, theses choices.

For women. And even more so for aboriginal, racialized, immigrant and handicapped women, as well as for those that are part of the sexual and gender minorities and for elderly women.

Here, in the Eastern Townships, do you know that our median income, for us women, is close to 10 000 $ less then men’s? Yes : 35 200 $ for men and 26 700 $ for women.

Women are still bearing the greatest weight of unremunerated work: militance, volunteering, care to relatives and children, house chores and, of course, the famous mental load. Despite that, there are more of us who live in poverty.

For each dollar a man makes, we make about 80 cents. For non-white women, it drops to less then 60 cents.

Most people who work for a salary lesser then 15 $ an hour are women, and these gaps in our incomes follow us in all aspects of our lives. Many of us do not have access to EI, because there are many of us who work part time or contract jobs. We tend to miss out on work more than men because of family responsibilities. And this gap in our incomes follows us into retirement: on average, we only get about 60% of a man’s income.

Women are systemically losing in our economic system, which refuses to take into account our vital role in our societies. Jobs typically occupied by women are often poorly considered, and our work is invisibilised.

That system has a name: patriarchy. It is violent and we have to put an end to it. Other systemic discriminations also must be torn down: racism, colonialism, heteronormativity and so many others.

We have the responsibility to bear our common demands, without forgetting those of women who are living an array of oppressions, even if we are not living them ourselves, because as Audre Lord put it: ‘’ I am not free while any woman is unfree, even when her shackles are very different from my own.”

Today, we want to put the spotlight on the specific realities of aboriginal women: If 17% of us, non-aboriginal women, live under the poverty level, aboriginal women are close to 40% to live under it. Two aboriginal women out of three who live in a reserve have an annual income lower then 10 000 $. You heard well. 10 000 $. Two women out of three.

We do have work to do, but movements like the Women’s March, and the chance to see you all reunited today, in solidarity, can give us our hope back: together, we will conquer every obstacle put into our path.

Résistons pour vivre

Marchons pour transformer

 

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