La précarité des travailleurs.euses culturels

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La TACAE ne prend pas de vacances ! Le lundi 19 juillet, l’équipe de la Table a assisté à la conférence du Mouvement des chômeurs et des chômeuses de l’Estrie (MCCE) et du mouvement Artistes Reconnu·es par une Rémunération Équitable au Travail (A.R.T.) sur les Angles morts de l’assurance-chômage : les artistes et le travail autonome.

Voici quelques informations que nous tenons à partager avec vous :

Au Canada, seulement 39% des chômeurs et chômeuses ont droit à l’assurance-chômage (2019). Ceci est en grande partie dût au fait que la loi n’a pas été adaptée aux réalités actuelles du marché du travail.

Les artistes, par la nature de leur travail, se retrouvent en grande partie dans le 61% des sans-emplois laissé.e.s pour compte. Encore par la nature de leur travail et des multiples sources de revenus qui leur sont nécessaires pour vivre, leur statut est souvent très complexe. S’iels ont de la chance, iels peuvent être considéré.e.s comme travailleur.euses autonomes, mais ceci amène à son tour son lot de complications et de restrictions.

Pourtant, en 1980, l’UNESCO avait mis de l’avant une recommandation demandant de reconnaitre les artistes, travailleurs et travailleuses culturel.le.s, comme ayant droit aux mêmes protections sociales que les autres. Malheureusement, 40 ans plus tard, les artistes sont encore aux prises avec l’incertitude de leur milieu, et de leurs revenus, sans accès à un véritable filet social.

Pour ce qui est du Québec, les artistes peuvent avoir deux statuts différents. Ces statuts proviennent de deux lois différentes de 1987 et 88 et n’ont pas été mises à jour malgré l’arrivée d’Internet et des nouvelles réalités du métier d’artiste. Ces deux lois opposent les artistes de « créations » et ceux ou celles qui « répondent à une demande ». Cette réalité crée des iniquités juridiques entre ces deux « classes » et crée aussi un flou juridique qui permet aux diffuseurs et diffuseuses d’éviter le titre de « producteur.trice » pour éviter de payer le peu de filet social offert aux artistes.

Ces éléments font en sorte que le revenu médian des artistes au Canada est de 18 829$ contre 39 338$ pour la médiane canadienne, et ce même si 48% des artistes ont un diplôme d’études supérieures (25% pour la population active) (recensement de 2016)

En plus de la modification de la législation entourant leurs pratiques, le mouvement A.R.T. revendique aussi un modèle de partage de risque entre les artistes et le palier provincial et fédéral semblable aux agriculteurs et agricultrices avec l’assurance en cas de mauvaises récoltes.

Mention spéciale :

  • À la Ville de Sherbrooke, qui finance trois fois moins le secteur culturel que Trois-Rivières, Saguenay ou Gatineau, qui sont toutes des villes de même importance.
  • À la région de l’Estrie, qui se situe à l’avant-dernier rang en lien avec l’investissement par citoyen.ne dans la culture, soit au 16e sur les 17 régions administratives, avec moins de 47,44$ par habitant, comparativement à 93,71$ en moyenne au Québec.

Pourtant l’industrie culturelle est un moteur économique important : en plus de créer plus d’emplois que la moyenne des industries québécoises, elle génère deux dollars pour chaque dollar investi; (Rapport RAIQ, 2020 / Analyse des impacts économiques pour le secteur pour la ville de Sherbrooke 2016)

En raison du peu d’investissement dans le domaine, la région se dévitalise de ses artistes et talents en exode vers les grands centres urbains, et ce depuis plus de vingt ans.

Si vous êtes intéressé.e à en savoir plus :

Lien pour la pétition du projet A.R.T.

Lettre ouverte adressée au monde politique de la grande région de l’Estrie

Voici les capsule YouTube de la campagne:

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