On se fait dépouiller de nos droits: action du 10 décembre des organismes de défense collective des droits
Les organismes de défense collective des droits en alerte: on se fait dépouiller de nos droits!
Communiqué de Presse:
Sherbrooke, 10 décembre 2021 – Ce n’est pas d’hier que nos droits sont bafoués et plusieurs exemples en témoignent au sein du milieu communautaire. Toutefois, le contexte de la pandémie actuelle a accentué et mis en lumière plusieurs de ces atteintes, particulièrement envers les populations vulnérables. La situation est telle que le Caucus de défense collective des droits de l’Estrie (Caucus DCD), qui représente près d’une dizaine d’organismes estriens en défense collective des droits, sonne l’alarme: on est rendus à un point de rupture dans les droits sociaux! Il faut dés maintenant recoudre le filet social dont dépend la vie et la dignité de tant de citoyennes et de citoyens!
Aujourd’hui, dans le cadre de la Journée internationale des droits humains, les gens ont bravé le froid en grand nombre et se sont mobilisés devant les bureaux de la députée caquiste de Saint-François Geneviève Hébert ainsi qu’un peu partout devant les bureaux des autres élu.e.s provinciaux estrien.ne.s afin de participer à un atelier et à une conférence de presse sous le thème «On se fait dépouiller de nos droits!». Le but de cet événement était simple: revendiquer des actions concrètes et efficaces pour mettre fin aux problèmes sociaux qui perdurent au Québec, une fois pour toutes. Cette mobilisation fait suite au «Dossier noir des droits bafoués» que le Caucus DCD a publié à la même date, un an auparavant, et qui présentait des dizaines et des dizaines de cas où des droits humains fondamentaux ont été maltraités et ce, uniquement pendant la crise du coronavirus.
Tandis que la société retourne tranquillement à la normale après des mois de confinement, le Caucus DCD s’inquiète et s’indigne de l’inaction du gouvernement Legault vis-à-vis les enjeux sociaux. Marilou Lépine-Gougeon, adjointe à la coordination de la Table ronde des OVEP de l’Estrie, s’explique mal l’attitude du premier ministre François Legault à cet égard: «[s]elon lui, ça n’existe pas le racisme systémique, ça n’existe pas la crise du logement, ça n’existe pas l’urgence climatique. C’est à se demander s’il ne vit pas dans un monde de licornes, s’il n’est pas un pelleteux de nuages!». Alors que Rosalie Dupont, coordinatrice à la Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie, craint le pire, à l’aube du prochain budget du gouvernement Legault: «[o]n a du pain sur la planche et, si les craintes du communautaires s’avèrent vraies, une période d’austérité pourrait encore davantage nous dépouiller de nos droits et notre filet social, déjà fragile, pourrait s’effondrer.». Le Caucus DCD ne perd cependant pas espoir: il est encore temps pour les élu.e.s provinciaux de faire le choix de prendre soin de leur communauté plutôt que celui du déni et du laisser-faire…
Discours de Marilou Lépine-Gougeon, de la TROVEPE
Il fait frette aujourd’hui. Vraiment frette. On le sait parce que les arbres commencent à perdre leurs feuilles. Mais on le sait aussi car ça sent déjà les élections provinciales et avec ça, ENCORE PLUS FROID…le fameux dernier budget du mandat actuel du gouvernement Legault en février prochain. On se laissera pas passer un sapin, Monsieur Legault, on est pas dupes. Quand on entend le mot «efficience» sortir de votre bouche, on sait que ça veut dire «austérité». Ce n’est pas la première fois qu’on nous fera le coup. Et le milieu communautaire en entier frissonne. Les organismes de défense collective de droits FRISSONNENT. À l’instar des arbres aujourd’hui, on se fait dépouiller de nos droits.
Ce n’est pas un phénomène nouveau. Ça fait au moins des dizaines d’années que les droits humains sont bafoués au Québec. La crise a cependant donné une mauvaise excuse au gouvernement pour en bafouer davantage. La crise a fait amplifier dangereusement d’autres crises. Et comme d’habitude, c’est les populations vulnérables qui en sont les plus grandes victimes. Le Caucus estrien de Défense collective des droits avait publié, il y a un an, un dossier noir qui relatait plus de 70 exemples de droits qui étaient bafoués depuis le début de la pandémie. Un an plus tard, on pourrait tristement en rajouter pleins d’autres…Nos arbres vont finir l’année assez tristes, merci!
Je vous en nomme quelques-uns…Il y a, ÉVIDEMMENT, le droit à l’accès aux services de santé pour les personnes vulnérables. Des organismes d’aide aux personnes vivant avec un handicap ont été témoins d’un système de triage discriminatoire dans le système de santé qui désavantageait ces personnes. Sans parler de centres d’avortement qui ont dû fermer pour prioritiser les soins «COVID». C’est carrément frustrant! Le droit à des services gouvernementaux a également été bafoué. Le gouvernement, du jour au lendemain, a mis la plupart de ses services en ligne en oubliant que les personnes vulnérables n’ont souvent pas les ressources nécessaires pour aller sur le web. C’est aberrant! Enfin, les personnes immigrantes ont vu leurs droits bafoués à de nombreux égards, notamment le traitement de leur dossier, dont beaucoup ont été suspendus. Vous l’avez vu comme nous, plusieurs de ces personnes ont pourtant donné mains fortes au système de santé…
Ces droits bafoués, et tant d’autres, sont le résultat de problèmes sociaux qui deviennent de plus en plus graves et urgents. Il est inacceptable que le gouvernement actuel continue de les nier. Selon lui, ça n’existe pas le racisme systémique, ça n’existe pas la crise du logement, ça n’existe pas l’urgence climatique. C’est à se demander s’il ne vit pas dans un monde de licornes, s’il n’est pas un pelleteux de nuages! Clairement, le gouvernement Legault a fait le choix politique de se mettre la tête dans le sable – ou dans la neige – selon l’état des changements climatiques, et il a choisi de nourrir son rêve d’austérité, S’CUSEZ-MOI, d’efficience, au détriment de toute la population entière, en particulier, ENCORE et TOUJOURS, des populations vulnérables. Il est temps qu’on arrête d’avoir frette! Il est temps qu’on arrête de nous dépouiller de nos droits.
Discours de Rosalie Dupont, de la TACAE
On tient souvent pour acquis qu’une fois les chartes signées, une fois les lois adoptées, tout est gagné, que c’est la fin du combat, qu’on peut passer à autre chose.
Saviez-vous ça, vous autres, que le fait d’avoir un logement décent est un droit? He oui, le Québec et le Canada ont signé un pacte, le pacte des droits économiques, sociaux et culturels, qui nous donne un droit inaliénable : celui d’avoir un ‘’logement convenable’’.
Et pourtant, des gens vivent dans des logements insalubres, trop froids l’hiver et trop chauds l’été, qui peuvent mettre leur santé en péril. D’autres vivent dans des logements trop petits, avec bien trop de monde, d’autres paient plus de la moitié de leur revenu simplement pour avoir un chez-soi, alors que d’autres n’en ont même plus, de chez-soi. Un droit inaliénable, je disais.
Comme Marilou l’a mentionné tout à l’heure, le Caucus des organismes de défense collective des droits a fait un travail de recensement de l’état de nos droits au cours de la pandémie. Je vous en fait ici une liste absolument et résolument non exhaustive :
Le droit à un niveau de vie suffisant : Techniquement, on a droit, et je cite, à un ‘’niveau de vie décent’’. Nos mesures de protections sociales, qui ont longtemps fait la fierté et la force du Québec, ont été mises à mal dans les dernières décennies. Notre régime d’aide sociale, censé être notre mesure d’aide de dernier recours, ne couvre à peine que 50% du stricte minimum pour survivre pour les personnes vivant seules. Notre régime d’assurance emploi, au fil des réformes, couvre de moins en moins de travailleurs et de travailleuses. Notre salaire minimum garde une personne, qui pourtant travaille à temps plein, sous le seuil de la pauvreté. Notre système de santé s’effrite et l’investissement dans nos logements sociaux est insuffisant pour les maintenir en état, encore moins pour en construire de nouveaux à la hauteur des besoins.
La pauvreté est une atteinte à nos droits humains les plus fondamentaux. Le manque de ressources économiques affecte directement la capacité d’une personne ou d’une famille à les faire respecter, ses droits, qu’on pense par exemple au droit à la sauvegarde de la dignité, ou encore au droit à la santé ou à l’éducation.
Le droit à des conditions de travail justes et raisonnables : Si fondamental et, pourtant, la pandémie a permis de mettre en lumière des enjeux majeurs au niveau de nos droits du travail : un salaire minimum résolument trop bas, trop peu de jours maladie, du Temps Supplémentaire Obligatoire, des inégalités de revenus qui grimpent en flèche, et bien d’autres.
Le droit à la sécurité et le droit à la vie : Un droit plus que fondamental, tout le monde est d’accord et, pourtant, au moins 18 féminicides plus tard, plusieurs personnes racisées assassinées par la police et nombre d’autres interventions abusives en une année seulement, on ne peut que faire le constat que notre droit à la sécurité et à la vie n’en est pas un pour tout le monde. Et c’est encore plus vrai pour les personnes marginalisées, vulnérables, appauvries et pour les femmes.
On a du pain sur la planche et, si les craintes du communautaires s’avèrent vraies, une période d’austérité pourrait encore davantage nous dépouiller de nos droits et notre filet social, déjà fragile, pourrait s’effondrer.
Les organismes communautaires, tous secteurs confondus, sont à bout. Déjà, avant la pandémie, on nous demandait d’en faire toujours plus, avec de moins en moins. Déjà, on nous enfonçait dans la gorge du financement par projet plutôt qu’à la mission. Alors que nos droits fondent comme neige au soleil, que les écarts de richesse se creusent et que les personnes les plus vulnérables de nos communautés voient leurs ressources diminuer, notre travail devient de plus en plus difficile. Nous avons une expertise irremplaçable, nous sommes essentiel.le.s, et nous sommes épuisé.e.s.
- Legault, M. Trudeau, prenez vos responsabilités, mettez vos culottes et assurez le respect plein et entier de nos droits!