Le 3 mai dernier a eu lieu une journée entière dédiée au logement au Centre communautaire Saint-Benoît à Granby . Lors de cette journée, nous avons pu entendre le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) ainsi que le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), les deux regroupements nationaux et communautaires centrés sur le logement. Cette journée fut forte en échanges et réflexions où plus de 90 personnes provenant de plus d’une trentaine de groupes communautaires, de la santé publique ainsi que des municipalités de l’Estrie y ont pris part.
En rappel, les ateliers donnés lors de la journée ont abordé les bases du droit du logement, les nouvelles données sur le logement en Estrie et au Québec, les diverses façons de protéger les locataires et le parc locatif ainsi que comment développer des logements sociaux dans nos milieux. Entre 30 et 55 personnes ont participé à chacun de ces ateliers et apporterons les connaissances qui y ont été acquises dans leur milieu respectif.
Nous avons aussi profité de la présence de tout ce beau monde pour faire une sortie publique et souligner que le milieu communautaire reconnait l’urgence de la situation et s’organise pour mieux y faire face pour protéger les populations laissées à l’abandon par le gouvernement. Vous trouverez ci-dessous le communiqué de presse publié, les citations des porte-paroles et des photos de la journée :
Communiqué de presse :
S’organiser collectivement pour mieux faire face à la crise du logement et à l’inaction du gouvernement Legault
Granby, le 3 mai 2023. – L’heure est grave pour les locataires. Le milieu communautaire sonne l’alarme depuis trop longtemps. La coordonnatrice de la Table d’action contre l’appauvrissement de l’Estrie (TACAE), Rosalie Dupont, dénonce que « face à la crise du logement, le gouvernement du Québec dilapide les fonds publics dans des projets menés par le marché privé, alors que nous savons que c’est justement la mainmise du marché privé sur notre parc de logements qui nous a plongés dans cette situation. Par ce choix totalement idéologique, le gouvernement se désengage encore une fois et abandonne ses citoyennes et citoyens dans une crise qui fait de plus en plus de victimes. »
Face à ce constat, le milieu communautaire estrien, accompagné de ses allié.es et avec l’aide de ses regroupements nationaux, a organisé une journée de formation et de réflexion sur l’enjeu du logement, un droit inaliénable reconnu entre autres par la Déclaration universelle des droits de la personne. La Journée estrienne et communautaire sur le logement s’est tenue aujourd’hui au Centre communautaire Saint-Benoît et a rassemblé plusieurs dizaines d’organismes communautaires, des travailleuses et travailleurs du réseau de la santé et des municipalités ainsi que des élu.es. L’événement leur a permis de partager leurs connaissances, d’affiner leur discours et de se mobiliser afin de véritablement endiguer la crise du logement.
Cet évènement s’est déroulé à Granby, car c’est l’une des villes estriennes ayant le plus écopé de la crise au courant de la dernière année. Pour reprendre les mots de Karine Lussier du Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP), « Granby est la ville avec le plus gros manque de logements abordables et sociaux et le plus haut taux d’augmentation des coûts des logements disponibles en seulement une année (54 %). Les 1 500 logements annoncés dans le dernier budget caquiste ne parviendront malheureusement pas à combler les besoins croissants des personnes à faibles et à moyens revenus. Avec un besoin minimal de 1000 logements seulement à Granby et une liste d’attente d’environ 400 personnes à l’OMH, l’avenir nous semble bien sombre. Se loger doit être un droit acquis et non une perpétuelle bataille à mener ! »
De son côté, le porte-parole de l’Association des locataires de Sherbrooke (ALS), Mario Mercier, souligne que « La crise du logement est hors de contrôle. Pendant que les villes et le gouvernement du Québec y voient des chiffres, nous y voyons des drames humains. Pour faire face au drame humain toujours plus difficile, nous avons besoin d’une commission québécoise d’enquête publique sur le logement. »
Cédric Dussault, du Regroupement des comité logement et association de locataires du Québec (RCLALQ), souligne que « la crise du logement n’est pas une fatalité, elle n’est pas circonstancielle, c’est une crise qui était et qui est encore évitable, c’est une crise qui est d’abord politique, parce qu’elle est le résultat des actions ou de l’inaction des pouvoirs en place. La crise du logement est d’abord une crise politique; la résistance à la crise du logement passe donc aussi par l’action politique, nationale, provinciale et locale. Le RCLALQ est donc ici aujourd’hui pour parler de défense des droits des locataires et de mobilisation sociale et politique. »
Le FRAPRU, pour sa part, est extrêmement inquiet de la vitesse à laquelle la situation du logement se dégrade en Estrie et craint pour les locataires les plus vulnérables, notamment ceux et celles à faibles revenus dont les femmes sont souvent au 1er rang. Le regroupement de défense du droit au logement appelle à une large opposition au choix d’abandonner en douce le logement social et de ne financer aucune nouvelle unité dans AccèsLogis, le seul programme qui lui était exclusivement dédié. « Il n’y a pas 10 000 solutions pour sortir de la crise, il faut augmenter le nombre de logements sociaux et pour ça, ça prend rapidement un programme gouvernemental structurant, adéquatement financé. Les milliers de ménages locataires au Québec mal-logés, qui vivent dans un logement qui accapare 50 %, voire 80 % de leur revenu, et qui subissent continuellement les conséquences de la spéculation n’ont pas le luxe d’attendre, pas plus que les personnes qui tombent en situation d’itinérance dans l’indifférence complète », martèle la porte-parole du FRAPRU, Véronique Laflamme.
Vu l’urgence de la situation, le FRAPRU demande au ministre des Finances de bonifier rapidement ses investissements en logement social. « Ça ne peut pas attendre au prochain budget », insiste Véronique Laflamme. Elle croit que Québec devra absolument revoir ses positions et relancer le programme AccèsLogis, en l’absence d’un autre programme aussi structurant, alors que le 1er juillet s’annonce encore une fois très difficile et que les comités logement sont déjà submergés d’appels de ménages locataires inquiets : « On ne peut plus laisser la situation se détériorer. »
En terminant, la porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté, Virginie Larivière, rappelle que le désengagement du gouvernement est loin de toucher uniquement la question du logement : « L’inaction du gouvernement pour mieux soutenir les personnes en situation de pauvreté est affligeante. Les baisses d’impôt annoncées dans le dernier budget avantagent les ménages les plus nantis alors même que les banques alimentaires peinent à répondre à la demande, que les ententes de paiement chez Hydro-Québec sont en forte augmentation et que la crise du logement frappe partout au Québec. Le gouvernement a choisi d’ignorer les centaines de milliers de personnes qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins de base! C’est insensé! »
Rosalie Dupont, porte-parole de la Table d’Action Contre l’Appauvrissement de l’Estrie (TACAE)
« Face à cette crise, le gouvernement dilapide pourtant les fonds publics dans des projets menés par le marché privé, alors que nous savons que c’est justement la mainmise du marché privé sur notre parc de logements qui nous a plongé dans cette situation. Par ce choix totalement idéologique, le premier ministre se désengage encore une fois et abandonne ses citoyennes et citoyens dans une crise qui fait de plus en plus de victimes. »
Karine Lussier, porte-parole du Groupe Actions Solutions Pauvreté (GASP)
« Nous savons tous que Granby est la ville avec le plus gros manque de logements abordables et sociaux et le plus haut taux d’augmentation (54%) en seulement une année. Les 1 500 logements annoncés dans le dernier budget Caquiste ne parviendront malheureusement pas à combler les besoins croissants des personnes à faible et à moyen revenus. Avec un besoin minimal de 1000 logements seulement à Granby et une liste d’attente d’environ 400 personnes à l’OMH, l’avenir nous semble bien sombre. Rappelons que lorsqu’une part très importante du budget d’un ménage est consacrée au logement (plus de 30% et présentement, allant jusqu’à 50%) ce sont les autres besoins qui en souffrent. Dans certaines situations, des personnes doivent opter entre payer leur loyer, leur nourriture ou se nourrir. Le logement est essentiel et devient une mesure systémique et structurante pour l’ensemble des ménages et encore plus pour ceux à faibles revenus. Les gens sont forcés de vivre dans des conditions inadéquates, dans des logements insalubres et non-sécuritaires, donc condamnés à couper mois après mois dans les autres besoins essentiels. Se loger doit être un droit acquis et non une perpétuelle bataille à mener ! »
Virginie Larivière, porte-parole du Collectif pour un Québec sans pauvreté
« L’inaction du gouvernement pour mieux soutenir les personnes en situation de pauvreté est affligeante. Les baisses d’impôt annoncées dans le dernier budget avantagent les ménages les plus nantis alors même que les banques alimentaires peinent à répondre à la demande, que les ententes de paiement chez Hydro-Québec sont en forte augmentation et que la crise du logement frappe partout au Québec. Le gouvernement a choisi d’ignorer les centaines de milliers de personnes qui n’arrivent pas à satisfaire leurs besoins de base! C’est insensé! »
Mario Mercier, porte-parole de l’Association des Locataires de Sherbrooke
« La crise du logement est hors de contrôle. Pendant que les villes et le gouvernement du Québec y voient des chiffres, nous y voyons des drames humains. Pour faire face au drame humain toujours plus difficile, nous avons besoin d’une commission Québécoise d’enquête publique sur le logement. »
Cédric Dussault, porte-parole du Regroupement des Comités Logement et des Associations des locataires du Québec (RCLALQ)
« Nous sommes à Granby, qui a remporté l’année dernière la triste palme de la plus forte hausse des loyers des logements à louer, avec 54% d’augmentation, en un an seulement. Les groupes communautaires sont aux premières loges d’une crise du logement qui dégénère en grave crise sociale. Le portrait aujourd’hui, ici comme partout au Québec, est très sombre, mais c’est dans une période sombre comme celle-là qu’ont émergé les premières grandes mobilisations populaires qui ont mené à des gains majeurs en termes de droits des locataires. Ces droits sont sous attaque et affaiblis depuis bon nombre d’années par les pouvoirs en place; la résistance à la crise du logement passe notamment par la défense collective des droits des locataires. La crise du logement n’est pas une fatalité, elle n’est pas circonstancielle, c’est une crise qui était et qui est encore évitable, c’est une crise qui est d’abord politique, parce qu’elle est le résultat des actions ou de l’inaction des pouvoirs en place. La crise du logement est d’abord une crise politique; la résistance à la crise du logement passe donc aussi par l’action politique, nationale, provinciale et locale. Le RCLALQ est donc ici aujourd’hui pour parler de défense des droits des locataires et de mobilisation sociale et politique. »
Véronique Laflamme, porte-parole du Front d’Action Populaire en Réaménagement Urbain (FRAPRU)
« Le FRAPRU est extrêmement inquiet de la vitesse à laquelle la situation du logement se dégrade en Estrie et craint pour les locataires les plus vulnérables, notamment ceux et celles à faibles revenus dont les femmes sont souvent au 1er rang.
La porte-parole du regroupement est sidérée du peu d’attention portée à leur situation par le gouvernement Legault « 1500 nouveaux logements abordables, dont le tiers sera réservé au privé, sans aucune garantie quant au nombre de nouveaux logements sociaux qui seront finalement construits, pour l’ensemble du Québec, ce n’est pas une réponse acceptable aux dénis du droit au logement qui se vivent actuellement », dénonce Véronique Laflamme. Le regroupement de défense du droit au logement appelle à une large opposition au choix d’abandonner en douce le logement social et de ne financer aucune nouvelle unité dans AccèsLogis, le seul programme qui lui était exclusivement dédié. « Il n’y a pas 10 000 solutions pour sortir de la crise, il faut augmenter le nombre de logements sociaux et pour ça, ça prend rapidement un programme gouvernemental structurant, adéquatement financé. Les milliers de ménages locataires au Québec mal-logés, qui vivent dans un logement qui accapare 50 %, voire 80 % de leur revenu, et qui subissent continuellement les conséquences de la spéculation n’ont pas le luxe d’attendre, pas plus que les personnes qui tombent en situation d’itinérance dans l’indifférence complète », martèle la porte-parole.
Le FRAPRU insiste sur le fait que les besoins sont connus en Estrie. Selon les données de Statistiques Canada issues du recensement de 2021, à Sherbrooke, 11 485 ménages locataires consacrent plus de 30% de leurs revenus pour se loger. À Granby, 3 825 ménages locataires sont dans cette situation. Dans les 2 cas, 82 % de ces ménages ont un revenu de moins de 30 000$ par année. La cherté des logements disponibles rend carrément intenable la situation insiste Véronique Laflamme. 815 ménages locataires de Sherbrooke et 215
ménages locataires de Granby consacrent plus de 100% de leur revenu au loyer. « On devine que ces ménages doivent compter sur l’aide de leurs proches et sur l’aide alimentaire pour ne pas perdre leur logement et sont à haut risque de tomber en situation d’itinérance. Ces ménages n’ont pas le luxe d’attendre et il est inacceptable que notre filet social ne soit pas suffisant pour qu’ils aient immédiatement accès à un logement social », dénonce-t-elle.
Vu l’urgence de la situation, le FRAPRU demande au ministre des Finances de bonifier rapidement ses investissements en logement social. « Ça ne peut pas attendre au prochain budget », insiste Véronique Laflamme. Elle croit que Québec doit revoir ses positions et relancer le programme AccèsLogis, en l’absence d’un autre programme aussi structurant, alors que le 1er juillet s’annonce encore une fois très difficile et que les comités logement sont déjà submergés d’appels de ménages locataires inquiets : « On ne peut plus laisser la situation se détériorer »