ZAP Sherbrooke est mort, vive ZAP : La fin d'une époque, mais l'idéologie perdure
Voici la réaction de la concertation exclusion numérique à la fermeture annoncée de ZAP Sherbrooke.
COMMUNIQUÉ
La fermeture de ZAP Sherbrooke, un organisme emblématique ayant offert un accès gratuit et universel à Internet dans la région de l’Estrie pendant 18 ans, marque la fin d’une époque. Cependant, l’idéologie qui a animé ce projet doit rester vivante. Si ZAP n’est plus, il est essentiel de ne pas oublier ce qu’elle représentait : l’accès égalitaire à Internet comme un droit fondamental, afin de lutter contre les inégalités numériques.
ZAP Sherbrooke n’était pas seulement un réseau Wi-Fi gratuit, mais un symbole de démocratisation numérique. Bien que son nom fasse référence à la ville de Sherbrooke, l’organisme desservait toute l’Estrie, en offrant des bornes Wi-Fi gratuites dans de nombreux lieux publics et privés. Cela permettait à des milliers de personnes, souvent sans accès à Internet à domicile, de se connecter.
En tant que table de concertation d’organismes communautaires, nous connaissons bien l’importance cruciale d’une telle infrastructure pour les populations en situation de précarité. Pour beaucoup de personnes en situation de pauvreté ou d’itinérance, ces zones gratuites étaient leur seule manière d’avoir accès aux services en ligne ou de communiquer avec leurs proches. Pour les personnes n’ayant souvent pas les moyens d’accéder à
Internet à domicile ou via un forfait cellulaire, ZAP représentait une bouffée d’air en offrant une plateforme accessible et sécurisée. Jusqu’à 8% de la
population estrienne n’a pas d’accès Internet chez elle, ce qui démontre bien que l’inclusion numérique reste un défi majeur dans la région.
ZAP n’était pas qu’un simple service pratique ; c’était un acte politique, une affirmation de l’idée que l’Internet doit être libre, sécuritaire et accessible à tous et toutes, indépendamment des moyens financiers. Ce projet permettait de briser les barrières sociales et de permettre à tout le monde d’avoir une chance égale dans un tissu social qui ne cesse de se morceler. Aujourd’hui, avec la fermeture de l’organisme, il serait facile de penser que cette idée s’éteint. Pourtant, l’idéal de l’inclusion numérique, de l’accès égalitaire aux ressources du Web, reste plus pertinent que jamais.
Dans une ère où Internet est devenu indispensable pour l’éducation, la santé, l’emploi ou simplement avoir accès à différents services de l’État, il est crucial de ne pas oublier les principes qui ont porté ZAP Sherbrooke pendant toutes ces années. Il faudra une volonté politique de s’approprier collectivement cette cause.
La fermeture de ZAP Sherbrooke est un tournant, mais l’idéologie qu’elle portait doit continuer à vivre. La ville, le CIUSS Estrie CHUS et l’Université Bishop continueront d’offrir un Internet gratuit. C’est un départ, mais ce ne sont pas toutes les municipalités ou les commerces qui ont les ressources que ces gros joueurs ont, et certaines zones de notre réseau Internet gratuit sont probablement appelées à disparaître. Les alternatives privées ne sont pas des vraies alternatives, ces derniers offrant « gratuitement » un accès Internet en échange de la vente de vos informations personnelles, alors que ce n’était pas le cas avec ZAP. Longue vie aux Zones d’accès publique sous toutes leurs formes!
Concertation exclusion numérique (CEN)